Réflexion sur le nom d’un rond-point à Agde

Connaissez-vous le rond-point « Général Marcel Bigeard » ? Vous l’avez peut-être emprunté à plusieurs reprises sans remarquer son nom, pourtant indiqué 2 fois.

Inauguré au printemps 2017, il est situé au début de la route de Marseillan, au pied de la montée de Joly. Orné d’un magnifique olivier, pas très large, il a de l’allure.

Le nom du général Bigeard est connu des Français de plus de 50 ans, mais savent-ils qui il était ?

Des informations existent sur lui, qui a écrit des livres orchestrant sa propre mythologie. Né en 1916 et mort en 2010, il eu ce qu’on appelle une brillante carrière, puisque devenu Général 4 étoiles, le plus décoré de l’armée française au xx°siècle. Il a combattu à la 2° guerre mondiale, puis en Indochine et en Algérie.

Malheureusement, son nom n’est pas associé qu’à ces faits de gloire. Il rappelle aussi des passages sombres de notre Histoire, quand on torturait les opposants prisonniers pour les faire parler. Le général Bigeard a appelé la torture un « mal nécessaire ».

Il a ouvert en Algérie, en 1958, une « école de formation à la guerre psychologique » dans laquelle on enseignait que la torture devait être propre, ne pas laisser de traces, être pratiquée par des officiers, c’est à dire « être humaine ». En pratique, on devait utiliser l’eau et l’électricité…

On sait que Bigeard a utilisé ces méthodes, bien qu’il ait toujours nié, par ses anciens amis qui les ont pratiquées eux aussi, certains y ayant ensuite renoncé. Le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères constate en 1957 des méthodes « tirées de l’arsenal de la gestapo ».

Le secrétaire général de la préfecture d’Alger évoque quant à lui « les crevettes Bigeard », non pas une recette de cuisine, mais une torture consistant à tremper les pieds du condamné dans du ciment avant de le jeter à la mer par hélicoptère, les courants les ramenant jusqu’au rivage.

Ce rond-point semble avoir été inauguré en comité réduit, en présence d’anciens combattants et de rapatriés d’Algérie, c’est à dire ceux qui ont fait pression sur la Mairie pour qu’un tel nom soit donné à ce lieu.

Pour restaurer la dignité de la ville, on pourrait demander son changement et le nommer dorénavant : rond-point « Général Jacques de Bollardière » lequel demanda à être relevé de son commandement et dénonça à son époque la torture, « ce dialogue dans l’horreur, qui dégrade celui qui l’inflige plus encore que celui qui la subit ».